Les ciments « bas carbone »

L’empreinte carbone des ciments Portland est directement proportionnelle à leur teneur en clinker, le principe actif hydraulique nécessaire au développement des résistances mécaniques du ciment, et donc à sa solidité et à la durabilité des constructions.

Comment baisser l’empreinte carbone des ciments ?

En complément du clinker, il existe des matériaux qui, finement broyés peuvent participer au développement des résistances : d’autres composants, tels que le calcaire, le laitier, les cendres volantes, les pouzzolanes, les pouzzolanes naturelles calcinées (dont les argiles calcinées). Ces derniers sont encore plus efficaces en présence de chaux.

Aujourd’hui, la manière la plus simple de réduire rapidement l’empreinte environnementale des ciments est de diminuer leur teneur en clinker, tout en conservant leur résistance mécanique. Et pour ce faire, certaines combinaisons se révèlent très pertinentes.

Ciments bas carbone, les nouveaux mélanges ternaires : CEM II/C-M et CEM VI

Des ciments à basse empreinte carbone, et donc à basse teneur en clinker, ont été normalisés en Mai 2021, qui associent au clinker un ou plusieurs composants : les CEM II/C-M (M pour mélange) et les CEM VI.

Ces ciments sont de nouveaux mélanges « ternaires », c’est à dire composés de clinker, et de deux autres matériaux (laitiers, cendres ou pouzzolane) et de calcaire. Leur teneur en clinker varie de 50 à 65 % pour les CEM II/C-M et de 35 à 50 % pour les CEM VI.

Ces compositions permettent d’obtenir des performances mécaniques et de durabilité analogues aux ciments actuels, avec une réduction d’empreinte environnementale de 35 à 65 % par rapport au CEM I, le ciment utilisé pour les ouvrages d’art.

Empreinte carbone en kg de CO2 eq/t de ciment pour chaque ciment normalisé

Les ciment LC3, une nouvelle gamme de ciment à faible empreinte carbone

Les ciments LC3 (Limestone Calcined Clay Cement) issus des travaux de la RILEM, correspondent au CEM II/C-M de la norme européenne NF EN 197-5.

Ils sont constitués de clinker, métakaolin (argile calcinée) et de calcaire. L’interaction entre l’argile calcinée et le calcaire finement broyé favorise la formation de carbo-aluminates qui justifient d’une résistance mécanique supérieure à celle des ciments Portland de type CEM I.

Ces différents ciments CEM II/C-M, CEM VI permettent donc de réduire l’empreinte carbone :

  • de -50 % comparé à un CEM I (le ciment pur, sans ajout) ;
  • de -35 % comparé à la moyenne actuelle de tous les ciments

Mesurer et communiquer sur l’empreinte carbone des ciments

Dans une volonté de transparence sur les impacts environnementaux, et plus particulièrement sur l’empreinte carbone, l’industrie cimentière et la filière béton mettent à disposition depuis plus de 10 ans les déclarations environnementales produit (DEP) ou fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) de leurs produits, en conformité avec la réglementation en vigueur.

Les ciments à basse empreinte carbone sont en cours de certification NF. Cette étape obligatoire du contrôle de conformité d’un produit est à l’origine du délai entre la parution d’une norme (ici la NF 197-5, parue en octobre 2021) et la mise sur le marché des produits couverts par cette norme.

La conformité à la norme d’un ciment ne peut se faire qu’en système dit « 1+ », c’est-à-dire par prélèvement et contrôle réalisés par une « tierce partie », par un organisme indépendant. Celui-ci est agrée pour effectuer ces prélèvements (24 par an) ainsi que les analyses nécessaires pour vérifier la conformité du ciment aux exigences de constitution décrites dans la norme. Et cette certification devra se faire dans toutes les cimenteries de France qui souhaitent produire ces ciments « bas carbone ».